Day by day. C’est le quotidien d’une famille – la sienne – que l’italienne Elisabetta Cociani dévoilait dans une maquette lors du Liège Photobook festival, en mars dernier.
C’est un de nos coups de coeur de cette édition.
Quel est votre parcours photographique ?
J’ai toujours été entourée de photographies. Dans la maison de mes grands-parents, il y avait de merveilleux albums familiaux et mon grand-père emportait toujours son appareil photo avec lui. Pendant mes études universitaires, j’ai reçu mon premier appareil photo en cadeau et j’ai commencé à développer en chambre noire. A la même époque, j’ai été éblouie par une exposition d’August Sander, en Allemagne. Cela m’a fait réaliser que ma vocation n’était pas d’être architecte et que je voulais devenir photographe. Après avoir obtenu un diplôme en architecture au Politecnico di Milano, j’ai étudié la photographie à la CFP Riccardo Bauer. J’ai commencé à travailler dans l’univers de la photo, d’abord comme iconographe pour des magazines et des agences de photojournalisme, ensuite comme assistante de photographes, et finalement comme photographe indépendante. Je travaille pour plusieurs magazines italiens, des clients privés, mais aussi sur des projets personnels. Avec plusieurs collègues, j’ai fondé en 2009 le collectif Micro. Ces dernières années, depuis la naissance de ma première fille, j’ai développé un travail plus intime.
La photographie est la langue parfaite pour moi. Je trouve plus facile de communiquer avec des images qu’avec des mots, écrits ou parlés. J’aime écouter, observer, regarder, et donner ma lecture de la réalité.
Que pouvez-vous nous dire au sujet de Day by day?
En soixante photographies prises avec un vieux twin-lens reflex sur une durée de deux ans et demi, Day by daycherche à composer un portrait familial intime. Ces images témoignent d’une période de changement et de la recherche d’un nouvel équilibre, en contemplant le mystère inhérent aux sentiments et aux émotions.
La photographie se transforme en outil pour explorer et essayer de comprendre la signification profonde des relations familiales, pour reconstituer les intrigues émotionnelles qui les traversent et les réorganisent jour après jour: tendresse, joie, mélancolie, difficulté, solitude.
En même temps, chaque image a pour but de raconter une histoire qui exprime et explore tout ce que les plis de la vie quotidienne renferment de découverte. C’est une invitation à diriger notre regard vers ce qui nous entoure et qui, à travers la photographie, peut prendre de nouvelles significations.C’est « un voyage émotionnel » à travers nos affections les plus profondes, un monde voisin qui révèle ses aspects les plus merveilleux, jour après jour, dans ces images.
Dans cette recherche, notre œil est conduit vers de petites choses (des tasses, des poupées soigneusement disposées sur un tapis, un cerf-volant, des fleurs de l’autre côté d’un grillage…) qui nous étonnent par leur présence silencieuse.Le regard se concentre sur les gestes, les moments et les situations qui révèlent la naissance et la construction des relations, la découverte de l’autre, l’expression de l’amour… comme dans les images d’Eva et Anita, filles et sœurs qui apprennent jour après jour à se connaître et à partager non seulement leur temps et espace, mais aussi leurs sentiments.
La maison et les endroits les plus chers (la montagne, le lac, les bois) veillent sur le secret de ces affections.
Pourquoi avoir choisi la forme d’un livre photo pour présenter ce travail ?
J’ai commencé à prendre ces photos lorsque j’étais enceinte de ma deuxième fille. J’ai senti le besoin d’avoir mon appareil photo toujours avec moi. Au départ je n’avais aucune idée de ce que je ferais avec ces images… mais l’année dernière, lors d’un Masterclasse conduite par Joakim Eskildsen, Giulia Zorzi et Hannes Wanderer, j’ai décidé d’en réaliser un livre.
Qu’est-ce qui a guidé vos choix formels pour ce livre (type de papier, de reliure, format…) ?
Le livre fait 13.5 cm x 27 cm. J’aime ce format vertical car il est opposé au format carré des photographies. Cela m’a permis de composer des doubles pages, de placer une petite frontière blanche entre deux photos, mais aussi de jouer avec quatre espaces carrés pour de petites images dans une présentation qui rappelle les vieux albums familiaux. Dès le départ, j’ai eu à l’esprit d’insérer quelques dessins qu’Eva, ma fille aînée, m’avait donnés à cette période. J’ai voulu qu’ils apparaissent tels de petites perles. Je n’en ai donc utilisé que cinq. Deux comme « flyleaves », un reprenant une petite fleur et le titre (après la naissance de sa petite sœur, Eva a commencé à dessiner ces petites fleurs perdues sur une page blanche, reflets de ses sentiments), et deux autres dialoguant avec mes photographies.
Cette maquette est la 3eversion, qui suit les deux précédentes faites à la main. Au départ, la photo de couverture était différente et la toile était jaune. J’ai choisi un papier mat, blanc et chaud.
Vous avez présenté une maquette pour « Bring your photobook » ? Quelles seront les prochaines étapes de ce projet ?
Participer à « Bring your photobook » était un peu comme briser la glace ! Je dois remercier un ami qui m’a convaincu d’aller à Liège. En ce moment, je soumets la maquette à un certain nombre de festivals et concours. La prochaine étape est de contacter des éditeurs qui pourraient être intéressés par un projet de cette sorte.
Pour découvrir d’autres projets d’Elisabetta Cociani, rendez-vous sur son site ou sur Facebook.