Climat of perception, Juliet Merie

Climat of perception, Juliet Merie

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BrowniE vous de présente ses coups de coeur du Liège Photobook festival !

Nous enchaînons avec Climat of perception, le livre photo de Juliet Merie.

Pouvez-vous retracer brièvement votre parcours photographique ? 

J’ai commencé la photographie au collège à Marseille, dans un petit labo entre midi et deux. C’était un atelier où j’ai appris principalement le développement. A partir de là, j’ai plus ou moins toujours eu un appareil. La photographie a une place importante dans ma famille. Tout le monde fait de l’image et j’ai donc été encouragée la dedans très tôt.

Puis plus tard, à l’université (où j’ai fait une licence en art plastique) j’ai pu me spécialiser en troisième année en photographie. C’était une option qui préparait à l’école d’Arles pour ceux qui souhaitaient passer le concours. Je l’ai donc passé, sans résultat. Mais j’étais intéressée par l’image en général et je suis allée en Belgique à la Cambre en option gravure et image imprimée. Donc toujours dans le multiple.

La photographie a recommencé à avoir une place importante dans mon travail à partir de la troisième année. Mes professeurs m’ont encouragé à développer cette part de ma pratique artistique et de l’assumer pleinement. Aujourd’hui je suis plasticienne et la photographie est toujours présente dans mes projets. Cela dit, ça ne fait pas de moi une grande technicienne. Je ne retouche pas mes images, ne les recadre pas, je n’ai pas un appareil de pro, mais je produis beaucoup.

Et depuis deux ans, le livre photo a vraiment pris une place importante dans mon travail.

Parlez-nous du projet photo au coeur de votre publication…

Il est important pour moi que l’on parle d’écriture pour ce livre. Car comme vous avez pu le voir, il ne s’agit pas seulement de photographies mais aussi de poésies. L’idée n’était pas d’être dans l’illustration. Je veux dire par là que l’image n’illustre pas le texte et inversement. Nous avons travaillé à deux sur ce projet, avec mon collègue Hugo Roger qui s’est chargé de trouver une forme à ce que j’avais en tête. Je lui ai fournis des textes et des images en vrac et on a cherché à les mettre en rythme, avec le désir d’apposer le même statut à ces deux formes d’écriture.

En effet pour moi il s’agit d’une double marche. Les images et les textes parlent d’une balade. Ils sont une forme de constat, sur des formes, sur des idées. En considérant que tout constat est éphémère. D’où le titre « Climat of perception ». J’aime ce qu’englobe le mot climat. Il tend à rassembler un ensemble de données, de phénomènes qui le définissent. Ici c’est une concentration de phénomènes perceptifs liés à la notion de déplacement, comme si chaque image, poème, représentait un état. Pas nécessairement stable, le climat est un résultat momentané, comme l’image.

Il ne s’agit donc pas d’imposer une vision, une pensée ou la photographie prend un rôle de « preuve »,  mais plutôt de suggérer que tout est un mouvement permanent. Le contenu du livre aurait été complètement différent si on l’avait fait six mois plus tard. Les photographies sélectionnées parlent avant tout d’une errance. De mon errance. On traverse le monde en retenant des fragments que l’on laisse retomber quelques mètres plus loin pour en choisir d’autres. Par exemple dans le livre on a choisi d’énoncer la liste des lieux où avaient été prises les images. Mais finalement, peu importe où elles ont été prises, car comme je le disais ce n’est pas le lieu qui compte mais la façon de s’y rendre. C’est une façon de démystifier le voyage pour valoriser l’errance.

Pourquoi avoir choisi la forme d’un livre photo pour présenter ce travail ? A-t-il fait ou fera-t-il également l’objet d’une exposition, d’un site web dédié, de comptes sur les réseaux sociaux… ? Si oui, comment s’articulent ces différents modes de partage au public ? 

Ce qui m’intéresse dans l’objet du livre c’est le rythme. C’est le contrôle des va et vient, des respirations, que je trouve assez proche du cinéma finalement. Mais aussi parce que je trouve qu’il donne beaucoup d’autonomie au public tout en l’engageant bien plus dans le propos que dans une exposition par exemple.

La première présentation de ce livre a eu lieu pour mon exposition de fin d’étude en juin dernier. Il était présenté comme une œuvre en soit. Mais il n’a pas vocation à être représenté de la sorte à l’avenir. Il existe également un Tumblr nommé « climat » sur lequel on retrouve une grande partie des images pressentent dans le livre, mais où je travaille plus quotidiennement. Comme un bureau dans lequel je m’essaie à des série sous une forme plus légère dirons-nous. ( http://julietmerie.tumblr.com)

En revanche je réutilise régulièrement son contenu pour d’autres œuvres. Je re-pioche dans les textes, dans les images, mais pour les travailler différemment. Je teste leur endurance au-delà de la forme livre.

Qu’est-ce qui a guidé vos choix formels pour ce livre (type de papier, de reliure, format…) ? 

Justement c’est un livre très formel. On a donné un maximum de place au contenu et à la mise en page, pour que l’objet, de par sa sobriété, s’efface. Couverture blanche, vierge, un papier très doux, une reliure classique et un format standard.

Pourquoi avoir choisi l’auto-édition pour ce projet ? Quels ont été les grandes étapes et principaux défis pour la réalisation de ce livre ? 

Est ce qu’on a le choix ? Les maisons d’édition n’ont plus l’argent ou ne veulent plus investir dans le livre de photographie (sauf pour les grands noms). Il y a trop de projets sur le marché. Puis l’auto-édition permet d’avoir le contrôle sur toute la production. C’est un livre d’artiste avant d’être un livre de photographie.

Le plus grand défi a été de rendre cohérent le contenu. La réalisation s’est faite en équipe. Avec un graphiste Hugo Roger, Manon Donckier de Donceel pour la reliure et moi-même pour le contenu. A nous trois on avait les cartes qu’il fallait pour créer des livres. Celui-ci est notre premier projet ensemble, mais d’autres vont suivre.

Comment procédez-vous pour la distribution de votre livre (dépôt en libraires, vente en ligne…) ? 

J’essaie de le présenter dans un maximum de salons, foires du livre tel que Offprint Paris en octobre 2017, Eat my paper ici à Bruxelles, ce mois-ci au BIP à Liège dont vous êtes les témoins et d’autres encore.

Autrement il est distribué chez Tipi Bookshop qui soutient les projets d’auto-édition  et qui est une adresse incontournable concernant le livre de photographie à Bruxelles. Et bientôt disponible sur une nouvelle plateforme www.bulkartbooks.org  ou bien en me contactant.

Découvrez les autres projets photos de Juliet Merie sur son site, son Tumblr ou sa page Facebook et Instagram.


Pour rappel, le festival invitait tous les photographes à déposer gratuitement la maquette de leur livre non publié ou leur livre auto-édité pour les faire découvrir au public et aux professionnels présents pendant le festival.

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